HRP: comme vous vous en douterez assez vite, les dialogues en italique caractérisent les moments où Zebediah utilise ses pouvoirs.

Tout méchant ou méchante intéressé peut rejoindre le rp mais doit d'abord en faire la demande à Loki ou à moi, pour que son arrivée soit opportune


The bar with no name… l’originalité est une qualité qui l’emporte sur toutes les autres, de mon point de vue, et sans cela j’avoue que je n’aurais probablement jamais prêté attention à cet établissement. Mais lorsque l’une de mes victimes l’avait mentionné, juste avant… de nous quitter, cela m’a mis la puce à l’oreille. En glanant quelques rumeurs j’ai pu récupérer d’autres informations précieuses. Un établissement « pour les Vilains » ? Cela semble être une règle officieuse, un mot qu’on se répète sous le manteau, et j’aime cela. Il fut un temps où rencontrer des êtres aussi détestables que moi ne m’aurait guère intéressé, tout au plus distrait. Mais les temps ont changé… et à l’heure où les hommes politiques et les élites économiques sont de plus en plus décriés par le peuple, il est temps pour moi de changer mon fusil d’épaule. Voyons ce que ce mystérieux établissement me réserve.

Comme à mon habitude, je suis apprêté comme il se doit pour une sortie dans le grand monde : pantalon et veste violette, chemise noire, cravate blanche, cheveux relevés par du gel et chaussures hors de prix. Et toujours comme à mon habitude, je ne m’embarrasse pas à faire la queue : quel ennui ! Un geste de la main, un regard agacé, parfois un « Faites place ! » sec et abrupt suffisent pour faire s’écarter la foule devant moi comme la Mer rouge face à Moise. Je suis presque arrivé aux portes éclairés par des néons violets –ma couleur, la soirée commence bien ! C’est alors qu’une voix inopportune vient troubler mon atmosphère.

-Hé, vous le guignol en costume ! C’est bien beau, il faut pas vous gêner ! Ces Anglishs, ils se croient tout permis…

Je me fige, je lève les yeux au ciel. Puis je rationalise : voilà une bonne opportunité pour m’amuser avant de démarrer une bonne soirée. Je me tourne vers l’importun : la vingtaine, bien bâti, blond aux yeux bleus, le regard fier, un T-shirt de baseball… le garçon de bonne famille qui étudie à Colombia, ou Yale, le genre qui n’a jamais travaillé de sa vie. A ses bras se trouve une charmante jeune fille qui semble légèrement plus jeune que lui, blonde également. Si le garçon est sûr de lui et énervé, la jeune fille semble inquiète : elle est plus futée, elle a compris que quelque-chose ne va pas chez moi. Mais comme toujours, il est déjà trop tard.

Je m’avance vers le couple, les mains dans les poches.

-Comment te dire… je crains que n’aies commis deux erreurs, l’ami. Premièrement je ne suis pas Anglais, mais Ecossais. Et deuxièmement. Je ne suis pas du genre à accepter qu’on me parle sur ce ton.

Tu suis les cours de géographie à ton école, non ? Si oui tu dois connaître le fleuve qui traverse la ville de part en part. Tu crois qu’il est possible de le remonter à la nage jusqu’à parvenir aux Montagnes Rocheuses ? Je me pose la question. Et si tu essayais, là, maintenant, tout de suite ? Tu vas quitter cette file dès maintenant, te rendre sur les quais, prendre de l’élan, sauter dans le fleuve, et tu nageras en remontant le courant.

L’individu est devenu blanc comme un linge, toute sa belle assurance s’est envolée. Mais je sens que le plus délicieux est encore à venir.

-Mais Monsieur… je ne sais pas nager.

Mon sourire carnassier s’élargit encore.

-Tiens donc ? Comme c’est dommage. Et bien tu sais quoi ? Tu vas quitter cette file dès maintenant, te rendre sur les quais, prendre de l’élan, sauter dans le fleuve, et tu nageras quand même.

Le sort en est scellée, sans un mot ma victime quitte le groupe et marche vers son funeste destin. Sa copine est restée sur place, effarée, terrorisée. Un instant j’envisage de la prendre avec moi et de la faire mienne, l’espace d’une nuit. Mais je me ravise bien vite : les blondes n’ont jamais été mon style. Plus depuis Mélanie. Qui plus est, elle est mignonne mais sans rien de transcendant, rien donc de ce que je recherche ce soir. Est-ce qu’on entre dans un restaurant en apportant un sandwich avec soi ? Non, j’ai une bien meilleure idée.

-Tiens, tu es encore là, toi ? Ne sois pas triste pour lui, va. Il n’existe pas, il n’a jamais existé. Dès cet instant, tu as tout oublié de lui.

Mais il serait dommage de perdre cette ravissante soirée, tu ne penses pas ? Voilà ce que tu vas faire. Tu vas rejoindre ce gentil geek aux lunettes un peu enrobé qui fantasme sur toi en secret depuis des mois, tu vas te glisser dans la maison où il habite. Oui, ne me dis rien, je sais qu’il existe. Et cette nuit, tu vas tout faire pour lui donner le maximum de plaisir, sans te poser de question. Je sais que tu vois de quoi je parle ; Et bonne chance au fait !

Alors que la jeune fille quitte à son tour la file, je ne peux pas m’empêcher de penser avec un sourire cynique que je viens d’accomplir ma seule vraie bonne action depuis bien longtemps. Mais l’entracte est terminé : il est temps que la pièce reprenne son cours.

Je pousse avec mes bras les deux battants et je pénètre enfin dans le bar. Je promène un regard circulaire autour de moi : un billard, de la fumée, de l’odeur d’alcool… mais les gens que je croise m’ont l’air assez distingués, ils se tiennent bien et son bien habillés. On est loin des grandes réceptions auxquelles je suis habitué, mais je m’attendais à pire. Je sors néanmoins mon mouchoir parfumé de ma poche –en soie et tout de blanc, avec un K en tissu violet élégamment tissé sur le rebord– pour chasser cette odeur prégnante à laquelle je ne suis pas habitué. L’effet est immédiat et agréable, je ferme les yeux de plaisir. Néanmoins je sais qu’il ne me faut pas perdre de temps.

Ayant rangé mon mouchoir, je m’accoude au bar et observe attentivement les personnes autour de moi. Mon regard s’arrête sur une élégante brune, svelte, aux traits finement dessinés, et aux lèvres rouges et généreuses. Elle a les cheveux noirs de jais, et son regard fixe exprime une solide confiance en elle : un caractéristique auquel je n’ai jamais résisté chez une femme. Malheureusement il se trouve que briser la confiance des gens en eux est l’un de mes passe-temps favoris. C’est peut-être pour ça que je ne m’attache jamais durablement à une conquête… Mon choix est fait, plus vite que je ne l’aurais pensé. Je ne perds pas de temps, j’ai horreur de ça. De la pointe de ma canne je sonne le barman, et quand il se retourne vers moi je déclare d’un ton autoritaire :

-Cette femme, celle qui est assise là-bas… Offre-lui une bouteille de ton meilleur whisky. Tu vas l’offrir gratuitement, mais tu diras que c’est moi qui aie payé. Ce qui est vrai dans un sens. Et dans dix minutes, tu auras oublié qui je suis et tu vaqueras à tes occupations comme si je n’avais jamais existé.

Clair, concis, précis, froid. Je ne prends même pas la peine de regarder l’homme, restant fixé sur la réaction de la femme. Elle semble surprise, puis m’adresse un sourire en coin charmeur. J’aurais pu directement lui ordonner de passer la nuit avec moi. Oh, on y viendra quoi qu’il arrive, mais il me plait de temps à autres de tester mon propre charme et de séduire en ne m’appuyant que sur ma confiance en moi, mon élégance et mon esprit.

Puis je décide de passer à l’action. Je me lève de mon siège, me rapproche de ma cible d’un pas assure, et m’installe juste à côté d’elle. Avec le pommeau de la canne je saisi la bouteille de whisky, la rapproche de moi et me sers un verre. Le tout sans quitter des yeux ma proie.

-Je sais que j’enfreins les règles de la galanterie, mais j’ose espérer que vous n’en voudrez pas à un enfant des Highlands de ne pas pouvoir résister à l’appel du Loch Lommond. N’est-ce pas ?

Accorder une faveur à une femme, puis se montrer ensuite égoïste pour la déstabiliser et la rendre vulnérable : une tactique bien éprouvée des Pick-up Artists. Je m’amuse en pensant que je pourrais tous les écraser du revers de ma semelle ces minables. Mais fini de jouer, il est temps d’abattre mes cartes. Je me penche à l’oreille de cette ravissante et élégante femme et lui chuchote :

-Vous avez envie de me suivre et de passer la nuit avec moi. De faire absolument tout ce que je vous ordonnerai de faire. Vous avez très envie, et vous avez le faire dès maintenant.

J’ai utilisé mes pouvoirs au maximum de leur capacité, et comme de coutume de ce cas là ma peau s’est pigmenté de violet. Tel un prédateur qui se camoufle avant de fondre sur sa proie, je révèle à présent mon vrai visage à ma victime. Je me recule et je souris, attendant avec impatience sa réaction.

Mon plan semble réussir au-delà de tout espoir : voilà que la dame se fait audacieuse, elle me susurre des paroles coquines à l’oreille tout en me mordillant le lobe, et sa main se place de façon aguicheuse sur mon torse, ensuite plus bas… Les sensations me sont agréables, et je sens les picotements du désir monter en moi comme une flèche… en même temps qu’une brusque alarme. Je n’aurais jamais survécu toutes ces années, avec une telle quantité de crimes à mon actif, si j’avais laissé mes émotions et impulsions l’emporter sur la raison. Oui, quelque-chose ne colle pas.

Je fronce brièvement mes sourcils en récapitulant dans ma tête le déroulement des évènements : elle me laisse s’asseoir, je lui donne un ordre ferme et sans concessions, loin de tout charme et de toute délicatesse… et elle m’adresse un grand sourire et se fait tentatrice à son tour. Elle anticipe mes demandes, elle improvise, rebondit habilement dessus pour me tenter là où elle pense que je suis vulnérable. Ses gestes sont maîtrisés, calculés, son sourire est profond et ses yeux émanent une intelligence acérée. Ce n’est pas comme ça que ça devrait se passer. Lorsque j’ensorcelle une personne, son libre arbitre s’éteint, elle n’anticipe rien et attend aveuglément mes ordres, un sourire robotique sur les lèvres et une peur panique dans les yeux. Et un petit « Oui Monsieur, comme vous voudrez Monsieur ». Quoi de plus éloigné que cette situation-là ?

Les rouages de mon cerveau tournent à plein régime derrière le charme dandyesque de mon visage. La réponse s’impose d’elle-même : ma victime désignée n’est pas sensible à mes pouvoirs. Ou alors elle n’y est sensible que partiellement. C’est déjà arrivé plus d’une fois, les raisons peuvent être très variées –souvent il s’agit d’individus à la volonté de fer, au passé traumatisant ayant modelé leur caractère. Donc si elle peut résister à mes pouvoirs, soit elle est sincèrement conquise par mon charme, soit elle joue la comédie… la première hypothèse est certes flatteuse, mais vu le côté abrupt de mon approche, j’aurais tendance à pencher pour la seconde… Pourquoi agit-elle ainsi ? En fait peu importe.

Je ne suis pas quelqu’un qui hésite. Jamais. Si elle est en mesure de résister à mes pouvoirs, alors elle ne doit pas quitter cette salle en vie. Je ne prends pas de risques inconsidérés : qu’arriverait-il si je la recroisais parmi mes ennemis –dont les rangs ne cessent justement de s’agrandir ? Cette soirée a de fortes chances d’être sa dernière. Mais comment y arriver ? Il faut gagner du temps, avant tout. Déjà cessons cette comédie. Je reprends la main de la jeune femme placée là où elle ne devrait pas l’être (au désespoir de l’objet de ses caresses), et tout en la tenant doucement mais fermement je la repose sur le comptoir, mes doigts s’attardant tout de même un instant sur sa peau délicate. Je hausse légèrement un sourcil d’un air faussement paternel, sans cesser de sourire.

-Allons Miss… je sais bien que comme le disait Shakespeare, Plaisir différé ne comble jamais le cœur, mais ne serait-il point dommage de commencer certaines festivités dans un lieu aussi fréquenté ? Il ne coûte rien d’attendre un peu et de faire connaissance comme deux personnes de qualités. Vous venez justement de me poser une question des plus intéressantes.

Je lève mon verre et avale une gorgée de mon whisky, tout en réfléchissant intensément. Derrière mon aspect charmeur et détendu, chacun de mes sens est en alerte, et je suis tendu comme une corde d’arbalète. Je pourrais l’attirer à l’écart et l’étrangler calmement, proprement, comme le digne espion que j’étais jusqu’à peu. Mais l’expérience m’a appris à ne pas me fier aux apparences, et encore moins lorsqu’elles portent des hauts talons, une poitrine à faire craquer un saint et un regard sournois. Utiliser mes pouvoirs là, maintenant, sur les autres personnes du bar ? Il me répugnerait de saccager un lieu aussi digne, et je préfère éviter de faire du désordre qui attirerait l’attention. Reste la possibilité de faire appel à certains de mes « amis », mais il faudrait que je puisse envoyer un texto discrètement, sans attirer l’attention. Et il me semble que cette charmante dame épie le moindre de mes mouvements. Sa présence me met de plus en plus mal à l’aise, et rares sont ceux qui parviennent à déstabiliser Purple Man.

-Comment je m’appelle ? A vrai dire j’ai porté beaucoup de noms, et celui que je porte actuellement ne m’appartient pas.

J’ai une petite pensée pour feu Zebediah Killgrave, ce sympathique officier bosniaque qui est mort d’avoir été le premier à me faire découvrir mes nouveaux pouvoirs.

-Mais il fut un temps où je répondais au prénom de Kevin. Je ne l’ai jamais aimé, je le trouvais banal, mais c’était celui que mes parents m’avaient donné. C’est comme ça qu’ils continuaient de m’appeler, juste avant qu’ils ne s’enfuissent… Cela vous convient-il ?

Et vous, par quel nom dois-je vous appeler ? Auriez-vous également l’amabilité de m’expliquer ce que vous faites dans votre vie ?