(#) Sujet: Que caches-tu ? || Danaë's diary Dim 17 Mai 2015 - 13:11
Danaë M. Rowena
La vie n'est pas un long fleuve tranquille”
La vie, c'est comme un jeu de société. Il y a des cases et des pions que l'on fait avancer avec des dés. Il y a des cases où tout va bien, la vie est toute rose et tout le monde est heureux. Et puis il y a des cases où rien ne va, où la vie n'a plus aucun sens et où le monde est triste, sombre. Voici ma vision de la vie. Et je vais vous raconter les étapes de la mienne.
We create our own demons. Who said that? What does that even mean?
(#) Sujet: Re: Que caches-tu ? || Danaë's diary Dim 31 Mai 2015 - 10:14
Code 13 Suède - 03.2007
Cher journal,
Je sais que je ne t'écris pas aussi souvent que je le voudrais. Mais ainsi va la vie. Dernièrement, des anciens souvenirs sont remontés et je ne peux les garder pour moi un instant de plus. Laisse-moi te raconter comment je survivais dans cet enfer.
Le centre d'entrainement. Lieux glauque et somptueux à la fois. Caves humides et moisies, appartements chauds et neufs. Voilà où on m'avait envoyé à l'âge de 10 ans. A l'époque, ce n'était qu'un "petit" centre, comparé à d'autres. Aujourd'hui, après 3 ans de travaux, le centre est devenu un immense complexe dont la majorité des locaux se trouvent sous terre, pour plus de discrétion car l'endroit est encerclé par une gigantesque forêt qui me parait sans fin. Cela faisait 3 ans que j'étais là. 3 longues années que j'étais enfermée, cloitrée, prisonnière de ce lieu. A quand remontait ma dernière sortie en extérieur ? Sincèrement, je ne le savais plus. Le seul souvenir qu'il me restait du dehors était une image blanche : c'était le temps des premières neiges. Le paysage se couvrait de son beau manteau blanc. Rien que d'y penser, j'ai le sourire. Ces instants de bonheur étaient tellement rares. Le seul moyen que j'avais pour être heureuse, c'était de m'échapper de cet enfer. La sécurité n'était pas facile à passer mais je connaissais tous les endroits secrets et les moindres recoins : tout ça n' avait plus aucun secret pour moi. C'était l'avantage d’airer dans les couloirs sans fin chaque jour depuis 3 ans.
Il se faisait tard et plus personne ne trainait dans les bâtiments, à part des gardes qui veillaient à ce que la nuit se déroule sans incident. En général, ils se préoccupaient un peu plus des appartements VIP que des chambres des futurs agents. C'était donc facile pour moi de m'éclipser en douce. Je ne le faisais pas très souvent : habituellement, je sortais de ma chambre et je me faufilais jusqu'à la salle de repos, là où il y avait une TV. Je n'allais pas plus loin que ça. Mais ce soir-là, j'avais une envie de liberté qui grandissait un peu plus chaque seconde. Il m'était impossible de rester ne serait-ce qu'une microseconde de plus enfermée dans cette cage.
Je te passe les détails de mon "évasion" parce que, sincèrement, c'était pire qu'un jeu pour les enfants. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, j'étais dehors.
La pluie sur mon visage. La terre et l'herbe mouillée sous mes pieds. Le bruit des gouttelettes d'eau qui tombent sur les feuilles des arbres autour de moi. La nuit enveloppant cet environnement de ses longs bras scintillants. C'est cette sensation que je recherchais depuis des lustres. Cette sensation de ... Liberté absolue. Rien ici ne me retenait. J'avançais doucement à travers la magnifique forêt verte. Je prenais le temps d'apprécier chaque pas, chaque sensation, chaque émotion qui me traversaient. je voulais les garder gravés dans ma tête. J'étais trempée de la tête aux pieds et jusqu'aux os mais peu m'importais : j'étais libre de faire ce que je voulais ici.
Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais sortie mais j'en foutais royalement. A force de marcher, de dévaler des pentes et d'en remonter d'autres, la fatigue commençait à se faire ressentir. J'avais le choix : faire demi-tour et rentrer dormir au chaud ou me trouver un petit coin tranquille. Le choix fut vite fait et la deuxième option s'imposait d'elle-même. Il était hors de question que je fasse demi-tour ... Pas après tous les efforts fournis. Au bord de la rupture tant physique que mentale, je décidais de faire un dernier petit effort : monter dans un arbre pour dormir. Il devait être assez haut pour éviter d'être mangée par les animaux mais aussi pour que les gardiens et autres agents qui seraient partis à ma recherche ne puissent pas me trouver facilement. Je m’assis sur une branche, m’appuya contre le tronc et mes paupières devinrent lourdes, très lourdes.
Lorsque je m’étais endormie, il faisait encore nuit et tout était calme. A mon réveil, le soleil commençait à pointer le bout de son nez et la forêt était moins calme : on pouvait entendre au loin les gardes et agents qui hurlaient mon nom. Un petit groupe rodait non loin de ma position. Je descendis doucement de ma cachette et fila me cacher derrière un petit agroupement de buissons bien feuillus. On ne pouvait pas me voir, même moi j’avais des difficultés à observer ce qui se passait autour de moi. Les hommes ne pouvaient pas me voir mais les chiens oui et justement, l’un d’entre eux se rapprochaient dangereusement de mes buissons. Il se stoppa net et aboya comme si il était enragé. Ni une ni deux, je bondis de ma cachette et courus aussi vite que je pus jusque où ? Je ne le savais pas mais je savais que je ne voulais pas y retourner, du moins, pas maintenant. Je regardais de temps en temps derrière moi et je pouvais voir que tout le monde me courait après : c’était marrant de les voir gueuler comme des putois, m’ordonnant de m’arrêter.
Le problème lorsqu’on regarde derrière soi, c’est qu’on ne peut pas avoir où l’on met les pieds et dans quoi on fonce. Ce fut mon cas. Je ne pus esquiver mon supérieur qui se tenait devant moi. Je lui ai foncé dessus tête baissée et, après un vol plané, je me suis retrouvée les quatre fers en l’air, si je puis dire. Lui, avait juste reculé de quelques pas. Il avait un énorme sourire coller sur son visage d’enfoiré. Il me regardait avec ses yeux de taureau en furie, comme ceux des corridas. Je savais ce que signifiait ce regard : ce à quoi j’allais avoir droit en rentrant au centre et mieux vaut ne pas évoquer ce qui allait m’arriver.
Voilà. Ici s’achève mon évasion. Je peux t’affirmer que je ne regrette aucun de mes actes. J’en suis même très fière. Je savais les risques que je prenais en m’évadant aussi loin et aussi longtemps mais ce que j’ai ressenti durant ma balada nocturne en valait vraiment le coup. Et si c’était à refaire, je le referais sans aucune hésitations